À la faveur de l’affaire Pierre Gentillet, de nouveaux éléments font surface, montrant notamment l’implication de Mathilde Larrère, historienne et militante de gauche radicale bien connue. Ces éléments confirment que Bertrand Alliot a été démis de ses fonctions pour délit d’opinion. Par ailleurs, l’enchaînement des événements semble indiquer que la campagne de dénigrement a été organisée en amont par Mediapart et certains agents de l’université dans le seul but de nuire. Enfin, à l’aune de cette affaire apparaît un enjeu judiciaire : le tribunal administratif va-t-il utiliser la notion floue de « l’intérêt du service » pour rendre acceptables des discriminations basées sur les opinions politiques ? Cela constituerait un grave précédent contre la liberté d’expression et la liberté de penser.

L’extrême gauche universitaire à la manœuvre

Un échange récent sur le réseau social Bluesky confirme que Bertrand Alliot a été discriminé pour ses opinions politiques (et même, en réalité, pour ses opinions politiques supposées). Pour rappel, Bertrand Alliot est engagé pour la préservation de l’environnement depuis l’enfance et a siégé pendant de longues années dans des instances de protection de la nature. Depuis quelques années, il défend des positions « rassuristes » et combat le catastrophisme écologique (notamment au sein de l’association Action Écologie). À cause de ses engagements et après une intense campagne de dénigrement à l’initiative de Mediapart, de syndicats et de certains professeurs, il a été démis de ses fonctions de direction en février dernier, sans qu’aucun reproche professionnel ne lui ait été fait. Par ailleurs, depuis son éviction, il a été placardisé (voir le rappel des faits à la fin de l’article).

Fin octobre dernier donc, le compte Actuel Moyen Âge (86 000 abonnés sur X) a défendu Pierre Gentillet, professeur vacataire à la Sorbonne, qui reçoit des menaces et pressions de la part de syndicats d’extrême gauche pour qu’il soit privé d’enseignements à l’Université Paris 1. Bien qu’étant sur des positions politiques opposées, Actuel Moyen Âge affirme que Gentillet a « le droit d’avoir ses opinions et de militer par ailleurs », ajoutant qu’« on ne sélectionne pas ses profs en fonction de leurs idées politiques, jamais ».

Cette position lui vaut ensuite de très nombreuses marques de désapprobation sur le réseau social X. Un peu sonné par les attaques dont il fait l’objet, Actuel Moyen Âge demande, cette fois sur le réseau social Bluesky, ce que les gens pensent de la position de principe qu’il a exprimée sur X. En les « taguant », il demande explicitement l’avis de collègues qu’il « respecte énormément » et « qu’on ne peut soupçonner de complaisance avec l’extrême droite ». Parmi eux, il y a Mathilde Larrère, une historienne « spécialiste des mouvements révolutionnaires », « engagée politiquement et proche de la gauche radicale » selon Wikipédia. Un détail a son importance : Mathilde Larrère travaille, comme Bertrand Alliot, à l’Université Gustave Eiffel.

Répondant à la sollicitation d’Actuel Moyen Âge sur Bluesky, Mathilde Larrère précise qu’on peut être prof « de droite ou de gauche », « avoir des opinions » et militer « hors des amphis », mais qu’il est impossible, en tout état de cause, de soutenir un professeur qui « milite dans des organisations racistes (…) » ou « un prof raciste, sexiste, homophobe », car « ce ne sont pas des opinions mais des délits ». Pour illustrer son avis sur la question, elle fait référence à Bertrand Alliot. Elle affirme avoir fait partie « des syndiqué-es et chercheur-ses qui sont montés au créneau » pour que ce dernier soit démis de ses fonctions.

C’est alors qu’une personne dont le pseudonyme est Chrisdivefr PikPikPik lui demande de préciser : « Je suppose que ce n’était pas pour le climatoscepticisme, mais pour l’aspect extrême droite ? » L’historienne militante d’extrême gauche répond de façon laconique, sans aucune ambiguïté : « oui ».

Il est ainsi confirmé, comme de nombreux autres éléments le laissent déjà entendre, que la campagne de dénigrement dont Bertrand Alliot a fait l’objet était liée à ses opinions politiques, ou plutôt à ses opinions politiques supposées. Bertrand Alliot n’a en effet jamais été engagé dans un mouvement dit de droite ou d’extrême droite. Il intervient, en revanche, dans les seuls médias qui lui donnent la parole et qui se trouvent être classés à droite : Valeurs Actuelles, Causeur, Le Figaro, Le Point, Tocsin, Radio Courtoisie, etc. Dans la campagne de harcèlement qu’il a subie, ses positions sur l’écologie ont été par ailleurs à dessein qualifiées de climatosceptiques dans le seul but de lui accoler un qualificatif devenu, au fil des années, infamant.

Une campagne minutieusement préparée ?

De surcroît, au vu de la chronologie des événements, il y a lieu de penser que la campagne de dénigrement a été coordonnée entre Mediapart et des leaders de la fronde au sein de l’université. Le premier article de Mediapart est paru six jours seulement après l’annonce de la nomination de Bertrand Alliot et ce, pour relater des faits datant de deux mois (notamment le colloque à l’Institut de France). L’article portraiturait Bertrand Alliot, de façon grossière et malhonnête, en militant d’ultra-droite. Cet article a ensuite été systématiquement utilisé par les frondeurs pour faire pression sur la présidence de l’université. Le SNESUP-FSU, dans lequel milite Mathilde Larrère, a immédiatement relayé les éléments diffamatoires de Mediapart dans un communiqué de presse. Ensuite, le contenu de l’article de Mediapart a été inlassablement utilisé par les frondeurs : dans une campagne d’affichage, dans les instances délibératives de l’université et sur les réseaux sociaux. L’enchaînement des événements laisse donc clairement penser que les acteurs de cette affaire se sont préalablement entendus pour faire chuter ce collègue qui exprimait, hors cadre professionnel, des opinions divergentes des leurs.

« L’intérêt du service » pour justifier la discrimination ?  

Enfin, ce scandale universitaire pourrait se doubler d’un scandale judiciaire. Bertrand Alliot a saisi le tribunal administratif de Melun pour faire reconnaître le harcèlement et la discrimination dont il a été l’objet. Le juge des référés a considéré (sans argumenter), malgré toutes les preuves apportées, qu’il n’y avait pas de doute sur le caractère légal de la décision de l’université en vertu de « l’intérêt du service ». Le jugement sur le fond est attendu dans les semaines à venir. La justice française va-t-elle confirmer qu’il suffit de sortir la botte secrète « intérêt du service » pour effacer tout acte manifeste de harcèlement ou de discrimination ? Une campagne de dénigrement basée sur la religion, les opinions ou les engagements politiques d’un agent public pourra-t-elle être systématiquement blanchie par l’invocation de « l’intérêt du service » ? Cette primauté de « l’intérêt du service » constituerait un grave précédent affaiblissant la liberté d’opinion.

Rappel des faits :

Le 13 janvier 2025, Bertrand Alliot, directeur de la Valorisation de la recherche de l’Université Gustave Eiffel depuis plus de 10 ans, est promu comme préfigurateur d’une nouvelle direction : la Direction générale déléguée à la Recherche. Il s’agit d’un poste dans la continuité du précédent, qui se limite à la gestion « administrative » de la mission recherche de l’université, sans rôle scientifique ou de représentation externe (ces fonctions étant occupées par le vice-président à la Recherche, Serge Piperno).

Le 19 janvier 2025, le média Mediapart fait paraître un article intitulé « Action Écologie, autopsie d’une offensive anti-écolo issue de l’extrême droite ».

L’article en question s’appuyait sur l’organisation, par l’association Action Écologie, d’un colloque à l’Institut de France pour présenter de manière biaisée et malveillante les engagements associatifs ainsi que les opinions de M. Bertrand Alliot.

Au-delà des procès d’intention dont il faisait l’objet, l’article formulait à son encontre de graves accusations, notamment l’usage frauduleux de titres, allégations infondées ayant donné lieu à une citation directe devant la 17ᵉ chambre du tribunal correctionnel de Paris.

À la suite de cette publication, M. Bertrand Alliot a été la cible d’une campagne de dénigrement ainsi que d’attaques personnelles de la part d’un groupe de collègues sur son lieu de travail. Cette campagne s’est déployée à la fois sous forme numérique, par le biais de publications sur les réseaux LinkedIn et X, et sous forme physique, par un affichage au sein de l’Université Gustave Eiffel. Le 23 janvier 2025, la section syndicale SNESUP-FSU de l’Université Gustave Eiffel publiait un communiqué largement inspiré de l’article de Mediapart et accusant M. Bertrand Alliot de diffuser « des propos scientifiquement invalides en utilisant l’ambiguïté du titre de sa fonction pour asseoir sa légitimité dans des interviews, sur son blog personnel ou dans des colloques organisés par l’extrême droite ».

Le 11 février 2025, après un mois de campagne de dénigrement, Gilles Roussel, président de l’Université Gustave Eiffel, décide « la cessation des fonctions de Bertrand Alliot dans le cadre de la mission de préfiguration qui lui avait été confiée ». Sans dénoncer la campagne de harcèlement subie par Bertrand Alliot, M. Gilles Roussel justifie ce choix par « l’altération du climat de confiance nécessaire à l’accomplissement serein de sa mission ». Pourtant, depuis sa nomination, et comme l’attestent ses échanges de courriels et son agenda, Bertrand Alliot n’a rencontré aucun obstacle dans l’exécution de sa mission.

Après cette date, la présidence de l’Université n’a plus adressé la parole à M. Alliot, qu’elle n’a ni rencontré ni contacté. Par ailleurs, après des semaines d’inactivité, une nouvelle fiche de poste lui a été imposée. Celle-ci ne correspond ni à son niveau de compétence et d’expertise, ni à ses aspirations, et caractérise clairement une placardisation, assimilable, en droit, à du harcèlement moral.