Les syndicats agricoles français intensifient leur mobilisation contre le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les quatre pays du Mercosur.
Ce projet, bien que toujours en négociation, suscite une opposition croissante, notamment dans les milieux ruraux où l’inquiétude grandit chaque jour. Les agriculteurs voient dans cet accord une menace directe pour leur secteur et une nouvelle forme de concurrence déloyale. L’Espagne, poussant pour un accord rapide lors du sommet du G20, se heurte à la France qui se dit opposée à ce traité qui, selon elle, privilégie les intérêts étrangers au détriment de son agriculture. Si cet accord venait à être conclu, il pourrait ouvrir grand la porte à une concurrence de produits agricoles moins respectueux des normes environnementales et sanitaires européennes.
Les agriculteurs sont donc déterminés à faire entendre leur voix, avec des actions déjà lancées dans diverses régions, allant de manifestations locales à des actions plus spectaculaires comme des blocages de routes, à l’instar de ce qu’il s’est passé l’hiver dernier durant la révolte des agriculteurs en colère. La Confédération paysanne et la Coordination rurale, qui regroupent principalement des petits et moyens producteurs, prévoient des mobilisations ciblées, tandis que les syndicats majoritaires comme la FNSEA optent pour des actions nationales plus mesurées.
Le message est clair : les promesses d’allégements fiscaux et de simplification administrative, bien que bienvenues, ne compensent pas l’ampleur du défi posé par le Mercosur. Le vice-président de l’Interprofession des viandes, Patrick Bénézit, souligne le danger d’une concurrence qui ne repose pas sur les mêmes bases, avec des pratiques agricoles inacceptables en France, comme l’utilisation de farines animales ou des conditions de bien-être animal largement inférieures aux standards européens.
Face à cette situation, les agriculteurs demandent une véritable réévaluation de la politique commerciale européenne et la mise en place de mesures concrètes pour protéger la production locale. L’objectif est de sensibiliser le public français aux conséquences de cet accord sur leurs assiettes, et de rappeler la nécessité de préserver la souveraineté alimentaire.
Mais les tensions ne s’arrêtent pas là. En parallèle, les difficultés financières des exploitations agricoles s’amplifient. La hausse des coûts liés aux aléas climatiques et aux épizooties, combinée à une baisse des prix de certaines productions comme les céréales et la betterave, a mis à mal la rentabilité des exploitations. Les agriculteurs redoutent qu’un accord Mercosur ne fasse qu’aggraver la situation, en inondant le marché de produits agricoles à bas prix, ce qui risquerait de faire disparaître encore davantage de fermes.
La pression s’intensifie également autour de la loi d’orientation agricole, dont l’examen au Sénat est prévu pour janvier. Promesse de soutien aux nouvelles générations d’agriculteurs, cette réforme a été repoussée à plusieurs reprises et pourrait, en cas d’échec, déclencher un nouvel enchaînement de protestations à l’approche du Salon de l’agriculture.