Dans la grande tradition des causes médiatiques défendues par des gens en manque de publicité, voici venue l’initiative des «artistes engagés» pour la libération de Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd.
Florent Pagny, Cali, et une ribambelle d’autres stars françaises ont décidé de s’armer… de micros et de guitares pour exiger la libération du militant écologiste détenu au Groenland. On aurait presque cru à une parodie, mais non, c’est bien réel.
Imaginez la scène : Paul Watson, en prison, jeté derrière les barreaux pour avoir traqué des baleiniers nippons, doit se demander si ses soutiens ont bien compris la gravité de la situation. Mais faute d’aide médiatique ou soutien diplomatique, ce qui lui parviendra, c’est une chanson. Et pas n’importe laquelle : un morceau composé par nul autre que… Francis Lalanne !
Une nouvelle fois, revoici cette bonne vieille alliance de la célébrité et de l’activisme ! À croire que chaque cause a désormais besoin de son hymne à diffuser en boucle dans les supermarchés. Florent Pagny, Cali, Anne Sylla, Arielle Dombasle et même Yannick Noah se sont unis pour composer ce chef-d’œuvre en devenir. Mais est-ce vraiment ce qu’il fallait à Paul Watson ? Peut-on imaginer un seul instant les autorités japonaises écouter la version traduite du titre (oui, il y en aura une, il faut bien évidemment tenter de conquérir le cœur du peuple japonais !) et soudain s’écrier : «Libérons Watson, la mélodie est trop entraînante, je ne peux plus résister !»
N’oublions pas le groupe Tryo, toujours au rendez-vous lorsqu’il s’agit d’enregistrer des chansons de soutien. Leur premier hommage à Watson en 2016 n’ayant visiblement pas suffi, ils remettent le couvert. Mais une grande question subsiste : où est passé Shaka Ponk ? Eux qui scandaient encore le nom de Watson lors de leurs concerts semblent, cette fois-ci, avoir préféré rester en coulisses. Auraient-ils réalisé le ridicule de la situation ?
Il y a des moyens efficaces de protester, puis il y a des chansons. Et dans cette catégorie, le morceau (encore) sans titre de Francis Lalanne et ses compères bat des records. Peut-être qu’un jour, on inventera une nouvelle forme de reconnaissance : le «Grammy de l’indignation inutile». À ce rythme, ces «artistes» auraient de grandes chances de l’emporter. Paul Watson, quant à lui, attend toujours.