Face à une détresse grandissante, les agriculteurs de France reprennent leurs actions de protestation et exigent des engagements concrets pour leur avenir, rappelant au gouvernement qu’il est temps de répondre à leurs revendications. La saison des révoltes agricoles pourrait bien redémarrer.

Dans la nuit de mardi 8 à mercredi 9 octobre 2024, des agriculteurs d’Île-de-France ont mené des actions symboliques en retournant et en déboulonnant des panneaux routiers, témoignant ainsi de leur frustration grandissante face à l’inaction du gouvernement. « Depuis nos premières actions en janvier, rien n’a bougé », déclare un agriculteur interrogé par CNews. « La colère est toujours aussi forte et le gouvernement nous balade. Nous avons décidé de les balader aussi en inversant les panneaux » affirme-t-il.

Cette mobilisation s’inscrit dans un mouvement plus large qui traverse plusieurs départements français. Les Jeunes Agriculteurs des Hautes-Pyrénées ont exprimé leur désespoir sur Facebook, affirmant : « Nos exploitations sont à bout ! Les difficultés financières s’accumulent, et les agriculteurs du département ne peuvent plus continuer ainsi. » Ils ont initié des actions visuelles marquantes en retournant les panneaux d’entrée de village et en les recouvrant de bâches, tout en déposant des bottes de paille avec des messages clairs pour alerter sur leur situation.

Dans l’Hérault, le syndicat local renchérit : « Nous ne voulons pas continuer ainsi, nous exigeons des engagements avec des effets immédiats. » Des panneaux d’entrée de ville ont été recouverts de bâches noires sur lesquelles on peut lire : « ici, 8 agriculteurs survivent », un cri d’alarme qui illustre l’urgence d’une situation critique. La Coordination rurale, quant à elle, a également choisi de recouvrir des radars fixes de bâches pour renforcer leur message.

À Nancy (Meurthe-et-Moselle), la mobilisation ne faiblit pas. Les Jeunes Agriculteurs du département ont déposé du lisier et des bottes de paille dans la ville, accompagnés de panneaux « sens interdit » et « stop », montrant ainsi leur ras-le-bol face à l’inaction des décideurs. La Coordination rurale de la Vienne appelle également à une manifestation jeudi devant la préfecture de Poitiers, avec tracteurs et bennes en renfort.

Malgré les promesses faites après les manifestations de cet hiver, les agriculteurs estiment que le soutien annoncé par Gabriel Attal, alors Premier ministre, incluant un plan de 150 millions d’euros pour les éleveurs, reste largement insuffisant. Les engagements récents, tels que le renforcement de la loi Egalim pour protéger la rémunération des agriculteurs, ne répondent pas à la réalité quotidienne des exploitations, confrontées à des défis sans précédent.

Alors que les agriculteurs poursuivent leurs actions de protestation, la question se pose : jusqu’où iront-ils pour se faire entendre ? Un agriculteur déclare sans détour : « Si nous n’avons pas de réponse après notre action d’aujourd’hui, cela va monter d’un cran. S’il le faut, nous entrerons avec nos tracteurs dans la capitale. » Leur message est clair : le temps des promesses est révolu, et ils exigent des mesures concrètes pour assurer la pérennité de leurs exploitations. Le gouvernement de Michel Barnier aurait tout intérêt à rester à l’écoute pour éviter un nouvel hiver agité…