Le parlement européen vient d’adopter le règlement sur la restauration de la nature. La nouvelle loi fixe l’objectif de restaurer au moins 20 % des zones terrestres et maritimes de l’UE d’ici 2030 et tous les écosystèmes qui en ont besoin d’ici 2050.
Si ce nouvel acte législatif réjouit un certain nombre d’acteurs comme les partis verts ou les ONG, d’autres se montrent très inquiets. Il s’agit de « restaurer les écosystèmes », mais on se demande quel est « l’état initial » de référence. La physionomie du territoire ne cesse d’évoluer au cours du temps et il n’existe aucun point de référence établi. Ce sont donc probablement des ONG et certains idéologues de la biodiversité, nombreux dans les administrations, qui seront en charge de définir quel « écosystème » vaut d’être « restauré » et on ignore aujourd’hui quel sera l’impact de cette nouvelle lubie sur les acteurs de terrain comme les forestiers ou les agriculteurs. On sait déjà que les Etats membres devront par exemple évaluer quelle est « la part des terres agricoles présentant des particularités topographiques à haute diversité ». Les haies, les fossés, les talus vont être scrutés à la loupe et on se demande si les exploitants pourront encore être maîtres chez eux.
Cette loi est la déclinaison de l’idéologie de la « renaturation » qui sévit actuellement en France et en Europe. Pour comprendre où cela nous mène, il suffit de se tourner vers la Camargue, comme l’a parfaitement démontré Sylvie Brunel sur le site de Valeurs Actuelles dans son article sur la campagne de dons lancée par l’organisation La Tour du Valat proposant d’adopter des flamants roses.
Cette initiative, sympathique en apparence, cache une bien triste réalité.
Les activités humaines, telles que la riziculture et l’exploitation du sel, ont contribué à façonner les paysages de Camargue avec leur cortège d’espèces exceptionnelles et leurs traditions ancestrales. Or, l’idée brillante de la Tour du Valat qui gère de très vastes zones sur le territoire camarguais, est de rendre celui-ci à la nature et donc, pour résumer, de redonner à la mer les zones conquis par les hommes au cours des siècles. Ainsi, la Camargue, à cause de l’idéologie de la « renaturation », va peut être disparaître telle qu’on la connaît aujourd’hui. La mer va regagner son territoire perdu il y a des siècles et emporter avec elle les belles traditions camarguaises et ses paysages exceptionnels. Il faudra bientôt dire adieu aux taureaux noirs, aux chevaux blancs, aux dunes blanches, mais aussi sans doute aux Flamands roses. Au fur et à mesure de la renaturation, l’oiseau mythique va disparaître car les nouveaux « écosystèmes » ne lui seront plus favorables.
Et c’est bien sûr là qu’apparaît l’ignominie de la campagne de dons en faveur des flamands. La Tour du Valat amasse de l’argent pour venir au secours d’une espèce alors qu’elle fait tout par ailleurs pour la faire disparaître…
« Grâce » à cette loi sur la restauration de la nature, combien de fois ce scandale se reproduira ?